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Portrait

© Margaux Decaudin

Margaux Decaudin

Chargée de diffusion et de production

Hérault

3 dates marquantes dans votre parcours ?

2014 : Festival Hybride, mon diplôme et mon premier festival d’Avignon, une claque !
Juillet 2018 : rencontre avec Violeta Gal-Rodriguez et David Cherpin, je suis propulsée dans l’aventure de la Compagnie l’Insoumise et mise au manette du réseau d’entraide féministe, la Maille.
Octobre 2021 : ma première rentrée à la Fac en tant qu’intervenante, je veux voir évoluer mon milieu alors je tente de faire bouger les choses à la racine au contact des professionnel·le·s de demain.

3 projets ou collaborations essentielles ?

La Tentation des Pieuvres. Je rejoins l’équipe de Maguelone Vidal un an avant la création de ce projet fou : nourrir cent personnes de cuisine et de musique, le temps d’une représentation — temps de cuisson compris ! On a dû pousser les murs des théâtres, sortir de nos habitudes de travail — j’épluchais les patates un jour, et accueillais les pro le lendemain ! L'acmé de ce projet : Trois représentations à la Philharmonie de Paris — Grande classe !
Organisation des plateaux pros de la Maille. Avec cette association d’entraide féministe, on travaille à la visibilisation des femmes artistes. On leur offre des temps pour montrer leur travail, réfléchir à leur stratégie, leur développement, des temps de formation aussi. C’est un véritable ouvroir des possibles qui rencontrent toujours un vif succès. On sent qu’il y a de réels besoins et qu’on peut aider des femmes à se réaliser et des programmateur·rice·s à équilibrer leur programmation. On est qu’au début du chemin mais chaque pas est extrêmement gratifiant.
La Grande Parade Métèque, de Figuerolles. C’est un projet culturel dans mon quartier, qui questionne notre rapport à l’autre, à l’accueil, à l’étranger, au bien-vivre ensemble dans la diversité, et, par ces temps de peurs et de replis sur soi, qui rappelle avec joie, fierté, contestation ou poésie que nous sommes tou·te·s des métèques, et que l’immigration est une richesse constitutive de notre histoire commune. Ma participation à ce festival citoyen et solidaire est à géométrie variable. Tantôt à la production et tantôt bénévole/petite main à l’installation, l’affichage, le bar… chaque année, je suis remplie de fierté lorsque je vois défiler petits et grands brandissant des pancartes « Citoyen du monde », « d’ailleurs nous sommes d’ici ». Grâce à ce festival, je peux porter des valeurs qui me tiennent à cœur, dès le pas de ma porte.

Et demain : vos perspectives, vos envies, vos idées ?

Des perspectives… En ligne de mire à court terme, j’espère pouvoir emmener les beaux projets que je suis au Festival d’Avignon l’été prochain. Je n’y suis pas retournée depuis 2019, les bains de foules, l’émulation, nouer des nouvelles relations professionnelles sans forcément savoir immédiatement où ça pourrait nous mener.. Avec ce festival, on est jamais à l'abri d’une bonne surprise ! j’aimerai aussi pouvoir réfléchir au renouveau du « paradigme Avignon off », essayer de faire bouger les lignes, ré-inventer un festival à l’image des réalités d’aujourd’hui.

Des envies…

J’ai envie de me former et d’approfondir mes compétences pour être à même d'offrir un accompagnement de qualité aux artistes émergents, aux jeunes professionnel·le·s du secteur. Être au plus près du théâtre d’aujourd’hui et de demain. Travailler au lycée et à l’université, auprès des jeunes, c’est ce qui me semble crucial aujourd’hui. Je garde en mémoire les doutes auxquels on doit faire face à ces périodes charnières et j’aimerai apporter l’aide que j’aurai souhaité avoir à cette époque.

Des idées...

Des millions ! Faire tomber les frontières, humaniser les relations, arroser le monde de moments de partage, de citoyenneté — le tout dans la joie et la tendresse, par tous les moyens !


Comment décririez-vous votre métier actuel ?

Mon poste est actuellement intitulé chargée de diffusion et de production. Ça s’appelle comme ça. Est-ce qu’il correspond à mon quotidien ? En partie. Oui, mon rôle dans une équipe participe à la diffusion et à la production des spectacles et projets. J’aide les artistes à réaliser leur projet dans les meilleures conditions, et au bénéfice du plus grand nombre d'humains par delà les catégorisations : spectateur·rice·s / professionnel·le·s / amateur·rice·s etc. L’idée est de mettre en relation les artistes qui ont des projets avec des professionnel·le·s, des réseaux, des structures qui ont les moyens (technique, financier) pour les réaliser. Il s’agit de travailler ensemble, pour être le plus pertinent même dans l’impertinence, le plus respectueux même dans l'irrévérence, car au bout de la « chaîne de production », il y a des humains qui viennent chercher dans leur pratique de spectateur·rice autre chose que ce qu’ils trouvent dans leur quotidien (prise de conscience, émerveillement, le beau, la connaissance, un regard différent sur le monde…). Je réfléchis avec les artistes sur les stratégies à adopter pour qu’ils trouvent leur partenaire de réalisation. Ensemble, on apprend à connaître notre environnement, nos publics, notre spécificité. On questionne nos méthodes de travail. On invente. Il y a de la place pour la créativité ! C’est très joli dit comme ça, mais concrètement ça veut dire : tableau excel, listing, envoie de courriels, prise de rendez-vous et réunion. Ah oui, on va aussi au théâtre ensemble pour s’aiguiser le regard, on participe à des rencontres professionnelles, des festivals. On refait le monde et on s’insurge aussi ! On trouve notre moteur dans les rêves et l’envie de les mettre en partage.

S’il fallait rappeler votre parcours pour arriver jusqu’ici…

Comme beaucoup, il faut remonter à l’option théâtre en seconde pour arriver à 2014, dernière année d’étude, quand je découvre le métier de chargée de diffusion ! J’ai un parcours théorique et universitaire. On peut dire qu’en faisant option théâtre au Lycée, à raison de huit heures par semaine, puis Hypokhâgne option théâtre, Khâgne option théâtre, une double licence et un master en études théâtrales, j’ai pas mal exploré la thématique ! En 2013-2014, je m’inscris en master Direction artistique de projets culturels à Paul Valéry. À cette époque, il se fait en un an au niveau Bac+4. Dans ce cadre, je fais deux stages, du bénévolat, et participe au projet de sortie de Master qui consiste à créer un évènement en semi autonomie avec la totalité de la promotion. Année intense, j’ajoutais des créneaux de minuit à une heure dans mon agenda pour aller faire des prospections pour trouver un DJ pour notre évènement. De mes deux stages, je garde le ¾ de mon réseau professionnel actuel. J’effectue mon premier stage avec la Compagnie Adesso e Sempre, plus précisément sur le festival Hybride. C’est pendant ce stage que je rencontre Anne-Lise Ourmières, qui vient de créer l’Agence de spectacles et décident de m’embarquer pour le festival d’Avignon — où je réalise mon second stage. Suite à l’obtention de mon diplôme, je travaille avec la Compagnia dell’Improvviso, et continue mes missions à l’Agence de spectacles auprès des compagnies rencontrées pendant le festival. Par la suite, je travaille avec Maguelone Vidal, Le Cri Dévot, L’Insoumise, Le Groupe O, La Maille, La Grande Parade Métèque, le Collectif PFFF, et j’accompagne toujours l’Agence de spectacles au Festival d’Avignon. Aujourd’hui, j’accorde une attention particulière aux projets ayant une dimension citoyenne, sensible, et humaine.

Qui vous a inspiré ?

Vanessa Blanchard et Albert Rombaud — respectivement, mes professeurs de français, et d’option théâtre au Lycée Watteau de Valenciennes. Je les rencontre adolescente et j’ai l’impression de sortir la tête de l’eau. La première me donne l’amour de l’analyse des œuvres, le deuxième « m'éduque » à la pratique théâtrale, la rigueur de corps et d’esprit que cela comprend. Anne Lise Ourmières — qui travaille avec acharnement pour les projets qu’elle défend, sans jamais se décourager, avec le sourire et la conviction qu'amener les gens à passer la porte d’un théâtre est une victoire sur la morosité. Violeta Gal-Rodriguez — qui porte son engagement dans les moindres détails de ses méthodes de travail jusqu’à l’esthétique qu’elle propose au plateau. Toujours à la recherche de l’endroit le plus juste dans ses prises de paroles.

De quels soutiens avez-vous bénéficié ?

Nathalie Carcenac a été mon premier soutien dans ma vie professionnelle. Elle m’a accueilli à bras ouverts, alors que je n’avais jamais été en stage de ma vie (ça a de quoi rassurer bon nombre d’étudiants !). Elle a su me confier des missions qui m’ont épanouie, intéressée. J’ai été au cœur de l’action et ne me suis jamais sentie « stagiaire », mais membre à part entière de l’équipe du festival. Ensuite, il y a eu ma « bonne fée, marraine » : Anne-lise Ourmières. Coup de foudre humain et professionnel. C’est elle qui m’a mis le pied à l’étrier pour « faire mon statut » en un temps record. C’est une créatrice d'outils, une facilitatrice de rencontres, et encore maintenant son soutien m’est précieux. Nous travaillons toujours ensemble. C’est la grande sœur professionnelle que je souhaite à tout le monde. Et aujourd’hui, je la prends pour modèle dans mes relations avec les stagiaires et services civiques.

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