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Portrait

© June Assal

Roxane Driay

Metteuse en scène et comédienne

Tarn

Ses spectacles

Roxane Driay, Compagnie La Portée
cie.laportee@gmail.com
https://compagnielaportee.com/

« Je me sens toujours en recherche de comment faire sens, comment faire des liens avec les publics, comment avoir un propos pertinent, comment s’inscrire dans un territoire… Au fond, chaque création est une tentative de réponse à ces questions, toujours tendue vers les autres : les publics que nous rencontrons. »

3 dates marquantes dans votre parcours  ?

2018 : Présentation de P.L.U.S à la Villette (le spectacle de fin d’études de mon master 2)
Mars 2021 : Première du spectacle Femme non-rééducable (1re création professionnelle de ma compagnie)
2024 : Femme non-rééducable joue au Festival Off d’Avignon (Théâtre la Factory)

3 projets ou collaborations essentielles ?

De 2018 à 2022 ma collaboration avec l’artiste Pablo Dubott (auteur, comédien, metteur en scène et performeur) : son approche physique et festive du plateau m’ont énormément décoincée. C’est un artiste très marquant que j’ai eu la chance de côtoyer.
Depuis 2020 : mon travail au sein du Collectif À Mots Découverts qui accompagne les auteurices de théâtre contemporain : pouvoir être au cœur de ce qui s’écrit en ce moment me transporte complètement et ne cesse de me nourrir.
Depuis 2021 : ma collaboration avec Jóan Tauveron avec qui nous avons co-mis en scène Femme non-rééducable : sa rigueur dans le travail, son talent et sa confiance sont de réels pilliers du projet.

Et demain : vos perspectives, vos envies, vos idées ?

Pour les prochaines saisons, nous préparons avec Olivier Cotro (chargé de production de la compagnie) un format Festival sur la ville d’Albi : La Grande Portée. Un festival inter-association qui lie loisir et culture, pour mieux nous rencontrer.
Un deuxième spectacle est également en cours de préparation pour la compagnie : Cabanes / Walden XIII une comédie qui mêle féminisme et écologie. La première aura lieu en novembre 2025.

Pour la suite, mes grands caps sont de continuer à m’inscrire dans les territoires tarnais et d’Occitanie. Je veux aller à la rencontre des publics, de celles et ceux qui aiment déjà la culture et aussi (surtout ?) des autres ! J’ai envie de partager les récits des écritures contemporaines qui nous permettent de poser un regard aussi exigeant que enjoué sur nos réalités.


Comment décririez-vous votre métier actuel ?

Je n’ai pas le sentiment d’avoir un seul métier mais plusieurs, et c’est d’ailleurs quelque chose qui me plaît énormément ! Mon activité varie au fil des étapes des spectacles que je dirige ou dans lesquels je joue. Je peux aussi bien passer ma journée sur un ordinateur à remplir un dossier de candidature que dans une salle de répétition à chercher une émotion. Pour chacune de ces activités, j’ai la chance de travailler avec des professionnel·le·s spécialistes de leur sujet : technicien·n·e, chargé·e de production, scénographe… etc. La création d’un spectacle est une affaire hautement collective, seule je n’arriverais à rien.
Il y a peu de certitudes dans mon métier, ce qui me fait parfois beaucoup cogiter, mais aussi beaucoup avancer. Je me sens toujours en recherche de comment faire sens, comment faire des liens avec les publics, comment avoir un propos pertinent, comment s’inscrire dans un territoire… Au fond, chaque création est une tentative de réponse à ces questions, toujours tendue vers les autres : les publics que nous rencontrons.

S’il fallait rappeler votre parcours pour arriver jusqu’ici…

J’ai pris mon premier cours de théâtre à 12 ans, j’ai trouvé ça génial d’être sur scène et rapidement j’ai décrété que c’était ça que je voulais faire dans la vie. J’habitais à Paris et j’avais la chance d’avoir accès très facilement à des formations en conservatoire, des options théâtre au lycée puis en classe prépa. Un jour, en classe de seconde, j’ai réuni des camarades et je leur ai proposé qu’on monte un spectacle ensemble, c’était ma première vraie mise en scène et j’ai adoré l’expérience. Je suis beaucoup allée au théâtre, j’en ai beaucoup lu aussi. Je voulais tout connaître !

Dans mes études, j’ai alterné les formations à la théorie théâtrale et à la pratique du jeu. Et souvent mes enseignant·e·s se renvoyaient la balle : à l’université on me disait que je ne tenais pas en place, qu’il fallait que j’aille jouer et en école on me disait que je dissertais trop. En parallèle, chaque année j’envoyais des dossiers de candidature pour des écoles nationales, briguant l’une des 2 ou 3 places d’élèves en section mise en scène. Je passais les premiers tours, parfois les seconds… mais cela n’a jamais marché (je crois qu’en tout j’ai fait 11 tentatives !). J’ai énormément appris durant cette période, sur moi et sur mon métier, c’était très formateur de rater autant de fois.

Et puis en 2017, pour ma deuxième année de master, j’ai été prise dans le parcours “Théâtre en Création” à la Sorbonne-Nouvelle (Paris 3). C’est une formation pour jeunes metteurs et metteuses en scène dans laquelle nous devions créer un spectacle en partenariat avec une équipe administrative et des lieux professionnels. Cette année intense a été un vrai tournant, j’y ai rencontré une grande partie des gens avec qui je travaille encore aujourd’hui et c’est à ce moment que s’est créée la Compagnie La Portée. Un an plus tard, on installait le siège de la compagnie à Albi.

Qui vous a inspiré ?

Quand j’étais lycéenne j’étais fan, à la façon d’une groupie, d’Ariane Mnouchkine (fondatrice et directrice de la Cartoucherie à Vincennes) et de Wajdi Mouawad (auteur et actuel directeur de Théâtre National de la Colline à Paris). Tou·te·s deux incarnaient alors pour moi un rêve de théâtre engagé, collectif et exalté. Durant mes études j’ai d’abord été très intéressée par les auteurs classiques ou du répertoire (notamment Corneille et Brecht) avant de prendre un grand virage vers le théâtre contemporain et me passionner pour des auteur·ice·s comme Falk Richter, Stefano Massini, Pauline Peyrade, Alexandra Badea, Marius von Mayenburg ou Marion Aubert.

Aujourd’hui, j’aime porter mon attention en dehors du seul milieu théâtral, vers les romans par exemple mais aussi vers d’autres disciplines du spectacle vivant. J’ai le sentiment que beaucoup de choses bougent sur la façon dont on peut se réunir autour d’un récit, je pense aux jeux de société, aux Escape Games, aux apéros-lectures etc... Ça me passionne toujours de rencontrer des équipes qui inventent de nouvelles façons d’entrer en lien avec leurs publics (les médiathèques ou tiers-lieux en sont souvent de très bons exemples !).

De quels soutiens avez-vous bénéficié ?

J’ai grandi dans une famille de classe moyenne avec un intérêt fort pour la culture (mes deux parents étaient profs). C’est important de savoir d’où l’on parle : j’avais un bon capital pour me destiner à une carrière artistique et j’ai aussi été soutenue financièrement pendant toutes mes études. Quant au soutien moral, mes proches ont accompagné tous mes projets avec une grande bienveillance et beaucoup d’enthousiasme.

En dehors de mon milieu d’origine et de ma famille, je pense que les personnes à qui je dois le plus sont les professeur·e·s, notamment de français et d’option théâtre. Pendant mes années de lycée j’ai dû aller à plus de cinquante sorties théâtre, quand je pense aujourd’hui à l’organisation et au temps personnel engagé de la part des profs, je ressens une infinie reconnaissance pour ces opportunités.

Par la suite,  il y a aussi eu d’autres artistes, comédien·ne·s et metteur·se·s en scène plus expérimenté·e·s qui m’ont ouvert des portes, tantôt en me proposant d’être leur stagiaire, en me recommandant pour une audition, en parlant de mes projets autour d’elle et d'eux. J’étais toujours la plus appliquée possible dans mon travail mais ces coups de pouce bienveillants ont souvent été déterminants.
Pour ces professeur·e·s formidables autant que pour ces artistes aîné·e·s bienveillant·e·s, je me sens une redevance et j’essaie à mon tour de passer modestement le relai à ma façon.

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